“Samedi 18 avril 2015, à Auchel, autour d’Éric Laleu, nous étions une petite cinquantaine de choristes, réunis sur le thème « Répertoire Ensemble Vocal ». Nous nous sommes interrogés : Qu’est-ce qu’une Chorale, un Chœur, un Ensemble Vocal ? Comment les différencier ? Une première approche est celle du nombre de choristes. Vient rapidement ensuite le choix du répertoire. Un ensemble vocal, plus réduit, n’abordera pas facilement une œuvre interprétée avec un orchestre important, contrairement à une chorale, ou un regroupement de chorales. La qualité artistique, émotionnelle du groupe constitué n’est pas discriminante. Tout groupe peut atteindre, ou pas, un niveau d’excellence. La mise en risque du choriste est bien sûr plus importante si le groupe est restreint, et il devra s’impliquer davantage.Que l’on soit en chorale ou en ensemble vocal, il est essentiel que chaque choriste sache s’impliquer dans son rôle de soliste. Il doit s’assumer seul, être sûr de sa partie, prendre plaisir à chanter, ne pas être à la remorque de son voisin, de son pupitre. Mais chaque choriste reste membre de son pupitre, de son chœur. Il doit aussi prendre plaisir à écouter les autres chanteurs, savoir avec eux créer une homogénéité, être en accord. Un bon choriste fait tout cela avec bonheur, et le groupe s’en ressent.
Nous avons mis en pratique cette approche en abordant trois partitions, correspondant à des choix bien spécifiques de répertoire :
. En 1er, une œuvre classique, sacrée, le Locus Iste d’Anton Bruckner (1824-1896).
« Ce lieu crée par Dieu est un mystère inestimable, au-delà de tous reproches ». Cette pièce nous a permit d’avancer en intimité, d’exprimer même une intention de prière.
. Puis un gospel, Sometimes I fell like a motherless child, arrangement d’O. Wilson, pour le Modern Jazz Quartet, retravaillé par Éric.
A la phase initiale de travail ont succédé plusieurs phases de restitution, sur scène, en effectif réduit. Découverte alors d’une mise en risque, d’une perte de repère, du trac, de la nécessité d’assumer. Et si on se trompe, tant pis, continuer, mais avec la même émotion. Chanter plus avec les paroles qu’avec les notes. Rechercher l’équilibre entre le ressenti et la représentation ; mais impérativement, privilégier le ressenti, le travailler, le trouver dans le groupe.
Ce gospel, comme le jazz, nous sort du cadre classique. S’aider d’un léger balancement nous aide à mieux placer les 2ième et 4ième temps, à oser être en décalage avec la sacro sainte mesure à quatre temps, et un, et trois, et un, et toujours au pas !
Enfin, privilégier les paroles, développer le ressenti, comment le faire si les paroles nous sortent du langage conventionnel et se développent en suite d’onomatopées ? C’est ainsi que des « Pa doum pa doum» et des « Pa la pa doua » nous ont amené à courir après la Panthère Rose, tantôt à l’unisson, tantôt en polyphonie.
Droit et importance de s’emparer d’une partition, de l’enrichir par différents choix d’interprétation ; liberté de création du groupe que peut susciter le chef de chœur.
Voici 20h, la fin de notre après midi de découverte, de travail, et tout cela mérite bien un fromage. Notre auditorium se transforme alors en auberge espagnole, pour le plaisir de tous.
Merci pour ce stage Multiphonie bien mené, merci aux choristes « Chœur à cœur » d’Auchel pour leur accueil, merci à Éric Laleu pour son accompagnement tout en finesse, et sa fermeté toujours souriante.”
Daniel Béghin, avril 2015